Réserves sur vidéoprotection et développer la médiation pour améliorer la tranquillité de tou·tes
Intervention de Wandrille Jumeaux sur les délibérations 4 et 5
Conseil Municipal 10 février 2021
Monsieur le Maire, cher·es collègues,
Chères Montreuilloises, Chers Montreuillois, qui nous suivent en cette heure tardive
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à remercier notre collègue Loline Bertin, pour son travail de fond, sur le terrain, auprès des habitants et aux côtés des services, pour proposer des espaces d'échanges politiques avec élus et citoyens sur les questions de sécurité et tranquillité publique. En tant qu'élu de quartier, je sais les nombreuses sollicitations des habitants sur ces sujets, et leurs attentes fortes pour que l'amélioration du cadre de vie à Montreuil passe par un renforcement des moyens donnés à celles et ceux qui sont chargés de faire respecter les règles de vie commune, en partie dans l'espace public. Les conventions discutées ce soir doivent y contribuer.
Nous saluons ces deux délibérations qui, toutes deux, impliquent des démarches collectives favorisant les liens entre les différents acteurs œuvrant en faveur de la tranquillité et la sécurité sur le territoire de Seine Saint Denis, d'une part pour la prévention des rixes et d'autre part, dans le domaine social.
Ces démarches multi-acteurs sont essentielles à l'élaboration de stratégie efficace permettant de garantir la sécurité et la sérénité de toutes et de tous, dans tous les quartiers de Montreuil.
Sans rentrer dans le débat sémantique du titre de ces conventions – mais je partage à titre personnel les remarques de Thomas Mettey sur l’usage du terme de radicalisation – je tiens à souligner deux points qui nous tiennent à cœur, nous, élu·es du groupe EELV – Montreuil Ecologie :
Le premier concerne la vidéosurveillance, à laquelle le bailleur social peut recourir s'il le souhaite et dont il est question dans l'article 15 de la convention. La vidéosurveillance est une méthode de sécurisation des équipements municipaux utilisée par la ville depuis 2013. Depuis 2019, la ville a démarré le déploiement de la vidéo-protection. C'est à dire de caméras couvrant l'espace public et non plus des équipements municipaux.
Autant nous pouvons être favorables au déploiement des caméras-piétons quand elles contribuent à améliorer la confiance entre policiers, passants et usagers faisant l'objet d'un contrôle - et ce dans un contexte où les violences policières sont un mal qui ronge notre société et abîme la confiance des Français dans les forces de l'ordre censées les protéger, autant nous sommes dubitatifs quant à la pertinence d'un déploiement massif de la vidéoprotection.
D'abord au regard de son coût. Dans son rapport consacré aux polices municipales paru en octobre 2020, la Cour des comptes enfonce le clou sur la vidéosurveillance - et ce après un premier rapport très critique paru en 2011. Elle estime que l'efficacité n'est pas prouvée, pour des coûts pourtant importants (environ 10 000€ par caméra), et ce en dépit des nombreuses subvention publiques qui pourraient être utilisées autrement.
Ensuite dans la nécessité qu'il soit accompagné d'un dispositif humain pour intervenir sur le terrain - car la vidéosurveillance ne suffit évidemment pas à stopper les délits et infractions. Elle est parfois dissuasive mais ne constitue que l'une des composantes d'une politique de sécurité qui doit d'abord et avant tout reposer sur l'intervention de professionnels. Enfin, la vidéosurveillance pose des questions sur la protection des données personnelles, point sur lequel nous sommes vigilants pour ne pas aller vers une société de surveillance généralisée. Conscient·es que le déploiement n'a démarré qu'en 2019 et du temps est nécessaire pour en mesurer l'impact, nous exprimons nos réserves et laissons un peu de temps avant que vienne le temps de l'évaluation indispensable de ces dispositifs.
Mon second point porte sur les rixes entre groupes dans l'espace public, dont la violence a fait, tristement, la une de l'actualité mi-janvier. Nous pensons qu'en complémentarité du travail précieux effectué par nos agent·es, les policiers municipaux, et par la Police nationale, donc les effectifs, en diminution, ne suffisent absolument pas à répondre aux besoins du territoires, nous devons continuer à développer le service médiation sociale qui permet un travail aux plus proches des habitant·es, dans une approche tout à fait complémentaire.
Un exemple récent, donné par ma collègue Liliana Hristache, déléguée à la médiation sociale, est celui de la formation mise en place par le service de médiation sociale et la direction de la jeunesse, sur comment « aller vers » les groupes dans l'espace public. Le but : développer des compétences propres et adaptées aux problématiques locales. Rappelons-le : La médiation sociale est un « processus de création et de réparation du lien social et de règlements des conflits de la vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indépendant tente, à travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions, de les aider à améliorer une relation ou de régler un conflit qui les oppose.» Nous avons à cœur de défendre cette approche fondée sur le dialogue, dans une période dans laquelle les liens entre les jeunes et la police sont souvent conflictuels.
Nous tenons en tout cas à exprimer notre confiance dans le travail commun qui se met en place, au sein de notre majorité et coordonné par Loline Bertin. Nous savons les efforts que la Ville entreprend pour recruter de nouveaux agents pour sa police municipale et remercions les équipes pour leur travail. Nous sommes disponibles pour travailler ensemble sur ces sujets, et l'occasion va bientôt se présenter à l'occasion d'une visite du Centre de Supervision Urbaine, notamment pour garantir que l'argent public dépensés soit vraiment utile à la sécurité des Montreuilloises et des Montreuillois.
Je vous remercie
