Plan d'aménagement et de développement durable intercommunal : Mireille Alphonse au Conseil Muni

M. le Maire,
Mesdames et messieurs les élus,
cherEs Montreuilloises et Montreuillois,
Notre assemblée est sollicitée pour émettre un avis sur le Plan d'aménagement et de développement durable de notre territoire. Il s'agit donc ici de définir les grandes orientations de la politique intercommunale d'aménagement urbain – un document d'autant plus important qu'il va chapeauter notre futur Plan Local d'Urbanisme intercommunal et à ce titre, dessiner durablement les évolutions urbaines dans nos 9 villes, et en l'occurrence, chez nous à Montreuil.
Notre groupe, Montreuil Écologie, remercie le travail mené par Jean-Charles Nègre, pilote de ce chantier en tant que Vice-Président à l'Aménagement du Territoire d'Est Ensemble. Personnellement, en tant que Vice-Présidente à l'écologie urbaine, je peux témoigner de l'ampleur du travail qui a été mené à Est Ensemble, que ce soit en transversal entre services, avec les éluEs et services de nos 9 villes et avec de nombreux concitoyens via leurs implications associatives.
Mettre en commun les orientations de 9 communes n'est pas un exercice facile, le document qui nous est proposé constitue dans ce cadre une synthèse très honorable. Mais, dans l'état actuel de sa présentation, nous estimons que les ambitions stratégiques affichées en ouverture du document restent très insuffisantes en ce qui concerne la transition écologique. Je rappelle qu'un PADDi détermine en effet l'avenir de nos villes pour les années à venir et qu'à ce titre, il doit à la fois répondre aux situations présentes et anticiper les évolutions en cours et à venir.
À ce sujet, le moins que l'on puisse dire, c'est que les effets du dérèglement climatique ne sont plus une perspective de long terme, mais une réalité désormais bien réelle. Pour ne citer que ce seul exemple, cet été, nous avons une nouvelle fois subi plusieurs semaines de températures à plus de 30°, avec des nuits où le thermomètre ne descendait plus en-dessous des 25°, ne permettant plus aux organismes de se reposer convenablement. Le dernier rapport du GIEC, rendu public lundi 8 octobre dernier, confirme une nouvelle fois malheureusement cette tendance : 2018 a de nouveau battu tous les records de surchauffe planétaire : rappelez-vous les pics de + 35° en Scandinavie – du jamais vu !
Nous devons donc opérer une inflexion majeure et radicale de nos modes de vie si nous voulons que la limitation du réchauffement planétaire soit contenue entre + 1,5 °C et + 2° – sachant que pour l'instant, la trajectoire sur laquelle nous sommes tous, nous mènent plutôt vers les + 4° !
Et nous devons en être persuadés : la transition écologique se joue dans les territoires. Environ 70 % des efforts à entreprendre dépendent en effet des politiques publiques dont nous avons la responsabilité. Aménagement du territoire, développement des énergies renouvelables, rénovation énergétique du bâti, développements des transports collectifs, de la place du vélo ou des piétons, renaturation de nos villes, gestion des eaux pluviales, accès à une alimentation saine en circuits courts, revalorisation des déchets : toutes ces politiques publiques qui ont une incidence directe sur les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sur nos santés, se réfléchissent et se mettent en œuvre dans nos villes, dans nos territoires.
Sans notre mobilisation collective, solidaire et convaincue, les stratégies d'adaptation au dérèglement déjà visible, resteront de vains mots. De grandes envolées lyriques sans aucun effet !
Notre territoire doit donc concevoir sa stratégie d’aménagement en prenant sa part, toute sa part, dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour assurer la résilience et l'adaptation de nos villes à ces changements. Notre politique d'aménagement doit pouvoir apporter des solutions pour mieux préparer notre territoire, l'adapter, et assurer ainsi un présent et un futur proche vivables pour les habitants, les acteurs économiques et sociaux – c'est à dire pour nos enfants et au final, pour chacun d'entre nous.
Si nous pouvons nous féliciter qu'en matière de transition écologique, la ville de Montreuil soit parvenue à inspirer le PADDi de son propre document, nous regrettons que l'ambition affichée dans ce document du PADDi soit de moindre ambition.
La transition écologique n’apparaît en effet pas comme un axe fondateur du document programmatique et les orientations se diluent dans ses différents chapitres et sont moins ambitieuses. Pour l'instant.
En ouverture du projet de territoire 2015 – 2025 adopté en début de mandat, Gérard Cosme, Président de Est Ensemble s'appuyait sur cette citation d'Antoine de Saint-Exupéry : « Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible ».
Entièrement d'accord avec cette ambition, faussement simple on le voit bien, nous demandons aujourd'hui que le PADDi reprenne dans son préambule, comme dans ses grands axes stratégiques, le socle des valeurs partagées affichées dans le contrat de développement territorial :
Un territoire populaire, solidaire et écologique
Ces trois valeurs doivent se retrouver dans les trois axes fondateurs du PADDi. Nous avons bien entendu que les objectifs écologiques se retrouvaient pour le moment dans chacun des grands chapitres, mais vous le savez bien, cherEs tous, ce qui va sans le dire, va au final toujours mieux en le disant ! En l'occurrence, en l'affichant expressément.
Ensuite, sur un certain nombre de sujets, nous recommandons que le PADDi s'appuie davantage sur celui de Montreuil - notamment en matière d'écologie urbaine et de préservation de la biodiversité, de transition écologique du parc de logements – neuf et en rénovation – et de mobilité durable.
Nous devrons également être vigilants pour la deuxième phase de ce grand chantier, c'est à dire l'élaboration du document réglementaire qu'est le PLUi. Celui-ci devra évidemment intégrer la Trame verte et bleue du territoire, ainsi que le Référentiel aménagement durable. Mieux : il devra reprendre certains objectifs chiffrés que nous estimons indispensables : coefficients de pleine terre pour les ilots urbains, développement du ratio d'accès à des espaces verts qui n'est pour l'instant que de 6,5 m2 par habitant avec la nécessité de tendre vers le ratio de 10m2 d'espace vert accessible par personne comme nous l'avons fait à Montreuil, performance énergétique des bâtiments, etc.
La plus grande vigilance devra également être de mise dans l'élaboration des OAP (les Orientations d'Aménagement et de Programmation). Qu'elles soit sectorielles ou thématiques.
Sectorielles : il devra être explicité la nécessaire valorisation écologique de tout le secteur des Murs à Pêches ; nous souhaitons également qu'une programmation effective – et budgétisée – soit faite pour l'aménagement du futur Parc des Hauteurs (qui nous permet de relier les grands parcs montreuillois et d'imposer les noues et trottoirs à "déminéraliser") et nous demandons que toute la Corniche des Forts soit durablement protégée.
OAP thématiques : une OAP Énergie est en cours d'élaboration. Nous demandons à ce qu'elle intègre des objectifs chiffrés de développement des énergies renouvelables et de baisse de la consommation d'énergies fossiles et fissiles.
Pour l'OAP santé, qui concerne majoritairement la qualité de l'Air : elle devra intégrer les objectifs métropolitains d'amélioration de la qualité de l'Air, et définir les stratégies essentielles en matière de déplacements. Développement des transports urbains, logistique urbaine du dernier kilomètre, couverture des autoroutes, développement des mobilités actives.
Cela étant dit, Mesdames et Messieurs : tout ce travail complémentaire nécessaire, dont nous ne doutons pas qu'il sera accueilli avec bienveillance, reste malgré tout menacé. L'avenir de nos Etablissements publics territoriaux, vous le savez reste encore suspendu à une décision du Président de la République sur la réforme institutionnelle en Ile-de-France. Le partage des compétences entre le bloc communal et la Métropole du Grand Paris reste suspendu au fait du Prince qui, depuis son élection, se dépêche de … ne pas prendre de décision !
Et notre inquiétude est grande, à l'heure où la MGP élabore elle aussi son document de planification urbaine - le SCOT (le PADD de la MGP sera examiné en conseil métropolitain le 15 novembre prochain) – que les orientations qui y figureront ne soient pas propices à engager la métropole sur le chemin de la transition écologique et solidaire. Nous craignons notamment une certaine … réticence et à favoriser le rééquilibrage territorial. Autrement dit, pour ce que l'on en voit aujourd'hui, de beaux quartiers très « développement durable » pourront très bien continuer de sortir de terre à l'ouest de la capitale, pendant que nos villes devront continuer à subir de graves pollutions !
Rappelons enfin que les écologistes ont toujours été pour la simplification du mille feuilles territorial et que pour l'instant, nous vivons plutôt une expansion de ce mille feuilles, au point que ce « gâteau » finisse par être assez indigeste ! Notre vigilance va donc se porter tout autant vers ce futur SCOT, que vers notre PADDi
. Je vous remercie.