Foyer BARA / mal-logement : l'intervention liminaire Ibrahim Dufriche au CM 03/10/2018
Monsieur le Maire, cherEs collègues, chers montreuillois, Mesdames, Messieurs
En France en 2018, nous comptons toujours un nombre important des sans-logis et des mal-logés, nous observons ici ou là le retour de bidonvilles, ou de personnes condamnées à l'errance...
Dans ce contexte, ce sont les collectivités locales, les villes, qui sont confrontées directement et au quotidien à la précarité d'un nombre croissant de personnes. Les échelons supérieurs de l'action publique (et notamment l'État) se défaussant pour les laisser pallier seules les difficultés chroniques du mal logement.
Chaque hiver, l'émotion perce dans les médias et le mal logement fait l'actualité quand survient un fait divers, un incendie ou des personnes perdent la vie.
Alors oui, nous devons agir malgré tout, en dehors des périodes dites d'émotion.
C'est ce qu'a fait notre ville en ce mois de septembre et nous en sommes fiers.
Car enfin: rappellons quelques chiffres.
En Ile de France, nous comptons 1 million de personnes mal-logées.
Et puis nous voyons qu'il il y a 6 millions de mètres carrés de bureaux vides.
Ces chiffres issus des rapports de la Fondation Abbé Pierre se suivent d'année en année et la situation ne s'améliore pas pour autant. Au pays des droits de l'homme, en 2018, le paradoxe est violent. Surtout pour toutes les personnes confrontées au mal-logement.
Les solutions sont pourtant là. Si la production nationale de logement est notoirement insuffisante, il faut la relancer. Et dans l'immédiat, s'il y a tant de logements innocupés et vacants, il faut activer la réquisition des logements et la reconversion de bureaux vides.
Mercredi dernier, Le Maire a officiellement réquisitionné les bureaux vides de l’AFPA, propriété de l’État, pour permettre aux travailleurs migrants du foyer Bara de s'y installer. Les élus de la majorité et singulièrement ceux de notre de notre groupe, Montreuil Écologie EELV, étaient naturellement présents en solidarité avec les résidents, alors "accueillis" par une compagnie de CRS, bien que ceux-ci étaient venus simplement chercher un lieu de vie digne !
Revenons sur un peu de contexte ...
Après la reconstruction réussie du foyer autogéré du Centenaire dans le cadre de Mundo Montreuil, les programmes de la Ville se poursuivent avec la reconstruction et le « desserrement » en cours du foyer Bara, foyer emblématique des travailleurs migrants maliens à Montreuil.
En 2013, nous avions signé un protocole avec l'Etat en présence de Cécile Duflot, alors Ministre du Logement. Cette grosse opération devait être financée, encadrée et accompagnée.
Hélas, les gouvernants ont depuis changé et les obligations de l'Etat notamment pour le financement de locaux nécessaires à l'opération, sont restées lettre morte. Alors que des mètres carrés sont disponibles, il était donc parfaitement, non seulement légal, mais légitime qu'ils soient réquisitionnés !
La réquisition engagée mercredi est une réponse courageuse, adaptée, pertinente, à ce paradoxe et à cette exigence de dignité, face aux besoins cruciaux des mal logés.
"Cette réquisition est une démarche qui mériterait d'être mise en oeuvre dans dautres villes"
Comme l'a rappelé notre ancien collégue et ami Claude Reznik, dans un message solidaire avec notre action et avec celle poursuivie par Halima Menhoudj, dans un salut fraternel aux résidents du Foyer Bara.
Sur ce sujet, à Montreuil, nous n'avons pas démérité. Nous avons à la fois maintenu un rythme de construction de nouveaux logements sociaux et à la fois réussi à soutenir des programmes d'habitat spécifique : reconstruction de foyers de travailleurs migrants bien sûr, mais aussi réalisation de logements passerelles et de logements très sociaux, ou encore soutien à des projets d'habitat participatif. Et il reste évidemment encore beaucoup à faire, toujours dans l'urgence.
C'est avec cet engagement politique à l'esprit, que nous considérons que les résidents des foyers, qui participent depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans à l’effort économique de la France, en même temps qu'ils contribuent à l'effort de développement dans les pays d'origine, et qui sont présents dans notre ville depuis tant d'années, sont des Montreuillois, autant que n'importe qui d'autre.
Des montreuillois qui, comme bien d'autres étrangers vivant en France, doivent aussi être considérés comme des citoyens.
Disons le clairement, l'esquive récurrente des pouvoirs publics pour assumer le cap d'une vraie politique migratoire, qui réponde aux enjeux tant européens que nationaux, avec humanité et en concertation avec tous les acteurs de la société civile... cette esquive n'est plus possible !
Soyons fiers de ces réalisations et de ces avancées pour Montreuil, qui assume pleinement son rôle de ville de partage, de ville écologique et de ville solidaire.
Merci aux résidents de Bara pour leur forte implication dans cet état d'esprit de partage et de solidarité.
Je vous remercie