PLU : l'intervention d'Ibrahim Dufriche-Soilihi
Conseil Municipal du 13 décembre 2017
M. le Maire, Mesdames messieurs les élus chers Montreuilloises et Montreuillois
Au nom du groupe Montreuil Ecologie je souhaite ce soir exprimer notre satisfaction sur l'aboutissement de ce nouveau PLU.
En février dernier, nous votions un PADD qui répondait déjà aux grandes orientations d’une écologie populaire. Aujourd'hui, après une large consultation des Montreuillois, nous examinons sa traduction concrète dans un règlement définissant précisément les possibles et les interdits : plan de zonage, orientations d’aménagement et de programmation.
Ce travail s'est fait en continuité avec l'ancienne réglementation, qui répondait à une volonté assumée de produire des logements pour imaginer une ville plus dense, mais aussi plus durable. Dense, en effet, tant il demeure vital de répondre à un besoin criant de logements pour les Montreuillois et cela malgré l'importance du chemin parcouru.
Ce soir nous vous présentons donc un PLU ambitieux en matière de transition écologique. Innovant, protecteur, luttant contre le dérèglement climatique et pour la biodiversité. On le voit par exemple avec l'obligation légale d'introduire la trame verte et bleue. Cette trame qui permet d'assurer une bonne continuité de corridors écologiques en milieu urbain, à l'image du « pas japonais » : une succession de petites surfaces naturelles, distantes les unes des autres, reliant des réservoirs plus vastes de biodiversité.
Sans revenir sur ce que nous a présenté Gaylord Le Chequer, rappelons quand même quelques dispositions : préservation des jardins et espaces verts privés, multiplication des jardins partagés et familiaux, espaces de pleine terre en cœur d'ilot, ou encore végétalisation des toitures, coefficient de pleine terre pour tous les nouveaux projets urbains....
Nous l'avons vécu cet été, la question de la chaleur en ville est capitale et la trame verte, les cœurs d’îlots protégés et les alignements d'arbres sont des éléments indispensables de l'aménagement urbain. Car oui, le rôle des arbres en termes de biodiversité, de rafraîchissement, ou de dépollution, n'est plus à démontrer. Et avec notre nouveau PLU, les alignements bénéficient d'une protection concrète dite protection « graphique ».
Aujourd'hui, c'est la continuité écologique entre le parc des Guilands et celui des Beaumonts qui s'avère la plus délicate à reconstruire, à cause du franchissement du coeur de ville. Mais elle soulève autant de passionnants enjeux : végétalisation, circulations douces, replantation d’arbres, pleine terre, … Quant à la continuité reliant le Nord du territoire au Bois de Vincennes au Sud, elle reste tout simplement à créer.
Conscients des défis, nous avons donc avec ce PLU souhaité répondre au nécessaire retour de la nature en ville. Car, oui, urbanisme et biodiversité sont les deux faces d'une même pièce !
D'une part, avec l'OAP Murs à Pêches ce sont près de 26 hectares qui seront consacrés à l'agriculture urbaine. D'autre part, avec le projet EIF et les nouveaux usages mixtes de ce site remarquable où il sera possible de produire en circuit court, nous démontrons combien l'économie sociale et solidaire est porteuse d'avenir.
En outre, grâce à la prise en charge de la dépollution des sols sur ce site, Montreuil va devenir un territoire d'expérimentation de solutions de dépollution, reproductibles sur d'autres anciens sites d'activité de la petite couronne.
Enfin, nous nous félicitons que les parcelles du site où sont installés Aliboro et la maison des Murs à Pêches restent propriétés de la Ville.
Ce soir, c'est aussi l'occasion pour nous de vous rappeler les points sur lesquels notre vigilance sera sans faille :
En premier lieu, la parcelle à l’angle des rue Saint-Just et Pierre de Montreuil constitue une enclave à la continuité écologique. Nous trouverons le moyen d'introduire dans l'orientation d'aménagement et de programmation « site des murs à pêches » la possibilité d'une classification permettant sa préservation et sa mutation future en future zone A (agricole).
Enfin et ce sera mon dernier point, nous saluons le travail mené concernant l'efficacité énergétique des constructions. Aujourd'hui, le PLU distingue les obligations en termes d'efficacité énergétique selon le nombre de logements par opération : à partir de 10 logements (ou 600 m²) : obligation de certification NF habitat HQE. A partir de 15 (ou 900 m²), là c'est une norme plus exigeante qui s'applique.
Il faudra aller plus loin en la matière car la RT 2012 doit pourvoir être dépassée.
Nous proposons donc pour tous les programmes de moins de 15 logements, projet par projet, de prescrire aussi souvent que possible de tendre vers la RT 2020 et vers de l’énergie positive.
En conclusion, un mot sur le logement. Nous l'avons amèrement constaté avec l'annulation fin novembre de trois arrêtés de la loi fixant l'encadrement des loyers à Paris, le budget logement va encore s'alourdir pour nos familles. Pour bloquer la spéculation foncière, qui a déjà commencé à Montreuil depuis quelques années avec la perspective de l'arrivée du tramway et des deux lignes du métro, et pour protéger les Montreuillois, le PLU qui vous est proposé ce soir va muscler plusieurs dispositifs : élargissement du périmètre d'intervention de l'EPFIF, réduction des droits à construire avec la charte de la construction intégrée au PLU, ou encore instauration d'une taxe d'aménagement.
Ainsi -et je terminerai par cela- avec ce PLU nous poursuivons à la fois le travail engagé, et traduisons concrètement, et avec détermination, l'ambition de faire de Montreuil une ville de lutte contre le dérèglement climatique, une ville écologique et populaire, à échelle humaine. Une ville qui agit pour le « bien vivre ».
Pour toutes ces raisons, Monsieur le Maire, mes chers collègues, notre groupe votera pour cette délibération.
Je vous remercie.
