Bilan de la COP 21 en Seine-Saint-Denis : l’intervention d’Ibrahim Dufriche-Soilihi
Ce 12 février les élu-e-s de la Seine-Saint-Denis se sont retrouvés à Bobigny au siège du Conseil Départemental afin de tirer un premier bilan des actions menées dans le cadre de la COP 21. Pour Montreuil, Ibrahim Dufriche-Soilihi, 1er adjoint et délégué notamment à la transition écologique et à la nature en ville s’est exprimé en revenant sur les actions menées par la municipalité. Ainsi, il a rappelé l’importance de l’implication citoyenne comme condition de la réussite d’un évènement comme la COP 21. Voici son intervention.

Comme l’a rappelé Stéphane Troussel, président du CD de la Seine-Saint-Denis « ensemble nous devons porter une vision ambitieuse des enjeux spécifiques de la transition de notre territoire »
Avec plus de 30000 personnes participantes, ce sommet alternatif pour le climat à Montreuil des 5 et 6 décembre 2015 fera date dans l’histoire des mobilisations citoyennes.
<< C’est un peu une tradition, à chaque sommet de chefs d’État est organisé un « pendant » citoyen. Les premiers échanges visant à l’organisation de ce sommet à Montreuil ont commencé seulement fin mai 2015. Le challenge à relever était d’autant plus compliqué que le délai de mobilisation était court, environ 6 mois, et les dates retenues déjà bien remplies pour notre ville, avec le Salon du livre jeunesse qui draine chaque année à Montreuil 150 000 personnes, et également les élections régionales... ce qui veut dire 55 bureaux de votes à préparer, à tenir toute la journée de dimanche, et des centaines d’agents sur le pont. Après un premier travail d’exploration des conditions dans lesquelles pouvaient se tenir ce sommet à Montreuil, la décision commune entre la Mairie, la Coalition Climat et Alternatiba, a été actée le 6 août. Et ce nonobstant les dernières incertitudes qui ont a nouveau plané sur le maintien du Sommet, suite aux tragiques attentats du 13 novembre. Nous avions également tenu informé l’Élysée de ce Sommet. Le Président Hollande nous avait écrit ses encouragements le 9 novembre : « …à l’heure ou la Ville de Montreuil s’efforce de relever de nombreux défis, en particulier dans le domaine de l’économie sociale et solidaire… »
Pour la ville de Montreuil, la mobilisation a été particulièrement forte à deux niveaux :
– au niveau des habitants des associations, de la population en général, et ceci pour deux raisons :
1- Nous ne voulions pas qu’un événement vienne se plaquer de manière artificielle, extérieure en quelque sorte, mais qu’il y ait une réelle synergie avec tout ce qui existe et qui se fait sur le territoire,… et ce qui existe est dense !
2- Nous voulions de toute façon mobiliser la population en vue de la COP 21 de par notre sensibilité face aux enjeux du dérèglement climatique, et parce que l’on considère que Montreuil occupe une place pionnière dans le domaine de la transition écologique.
Pour ne citer que quelques exemples : une école à énergie positive, une piscine écologique, de gros efforts pour le développement des transports en commun, de grands programmes de rénovation thermiques de logements sociaux, le lancement de la géothermie,… et tout un fourmillement d’initiatives associatives et d’alternatives, parmi lesquelles le pôle associatif Mundo Montreuil de développement durable et de solidarités, où d’ailleurs les organisateurs du Sommet citoyen ont élu domicile, pendant les 6 mois de préparation.
– au niveau des ressources logistiques et humaines de la ville
La municipalité a mis à disposition les salles, des espaces publics avec les trois places Jaurès, Césaire et Guernica, avec la piétonisation du Centre ville, la ville a également joué un rôle de facilitation pour les contacts avec les structures autres que municipales.
La Ville a coordonné avec les organisateurs ses propres dispositifs d’information : pour la Ville donc : une affiche 4X3 et des affiches 60/40, la réalisation d’une plaquette programme à 50 000 exemplaires, infos dans les supports du journal municipal et du site internet…
En termes de ressources humaines, plusieurs dizaines d’agents ont été mobilisés en particulier relevant notamment des espaces publics et de la tranquillité publique.
Dès la rentré de septembre, un comité de pilotage s’est réuni environ tous les 15 jours, associant les organisateurs et la Ville.
In fine, le programme global s’est décliné de la façon suivante :
Il y a eu durant deux jours :
– les forums, débats, organisés par la Coalition climat, coalition de plus de 130 organisations
– le Village mondial des alternatives, organisé par Alternatiba, et un marché paysan
– un village montreuillois des initiatives, partie intégrante du Village mondial, qui mettait en valeur les initiatives montreuilloises
– des happenings sur les places comme le Sommet des 196 chaises du Dimanche midi
De son côté, la Ville a organisé en amont une Conférence avec Pierre Radanne, sur les enjeux de la COP 21 et en clôture le 15 décembre une Conférence plutôt bilan avec Pascal Canfin et Michel Rocard.
Tant sur le fond que sur la forme, ces journées ont été le théâtre à la fois convivial et constructif de rencontres militantes fructueuses et porteuses d’espoir. Il s’est passé quelque chose dans nombre de débats et conférences, sans parler des temps forts comme le sommet des 196 « chaises réquisitionnées » dans les banques pour dénoncer la fraude fiscale ou encore comme les séquences de clôture du Sommet.
Des figures de diverses sphères militantes ont fait cause commune. Des syndicalistes aguerris dans l’action internationale aux jeunes « makers » issus des quartiers populaires, des figures de l’altermondialisme de Susan George à Naomi Klein, de José Bové à Dominique Voynet, Alternatiba et la Coalition climat ont permis la naissance d’une dynamique qui allie l’expérience à la fraîcheur militante de nombreux jeunes et a su pendant ces deux jours créer des passerelles et parler un même langage.
Avec le Village montreuillois des Initiatives, le marché paysan et le Village Mondial des Alternatives, la Ville s’est faite l’écho des initiatives qui se déploient ici et ailleurs pour « changer le système, pas le climat ». Les dizaines de débats, des militants venus du monde entier : tou-te-s ont permis le succès d’une initiative portée avec brio et sérieux
Et après ?
► Conseil local de la transition
Au plan local, nous avons crée un Conseil local de la transition (CLT), dont les principes ont été officiellement votés par la ville en conseil municipal le 4 novembre 2015
Ce CLT « vise à soutenir et amplifier la dynamique de transition environnementale et sociale du territoire ». Sa création répond à l’enjeu n°9 du Plan Climat Énergie Territorial qui prévoit de « sensibiliser et d’associer les Montreuillois aux enjeux du climat et de l’énergie » notamment au travers d’une « démarche participative de transition énergétique du territoire ». Le CLT est un levier ambitieux de mobilisation des énergies, mais aussi un moyen d’ancrer l’action, en matière de transition écologique, dans la durée.
► Biennale des alternatives
Dans le prolongement du Sommet citoyen pour le climat, il s’agit de poursuivre le travail de valorisation des initiatives et alternatives s’inscrivant dans la transition écologique, d’offrir un cadre temps fort propice à leur expression, avec temps d’échanges, temps d’échos médiatiques…
Son ambition est de dimension départementale et régionale. Cela veut donc dire qu’une écoute particulière soit faite a l’égard des initiatives de notre département. L’objectif serait d’une première édition au printemps 2017.