Discours de politique générale – intervention liminaire d’Ibrahim Dufriche-Soilihi
Monsieur le Maire, chers collègues, Montreuilloises, Montreuillois,
Voilà deux jours, je croise une mère de famille de Montreuil dans mon quartier, trois enfants, actuellement hébergée chez des parents qui me dit :
« monsieur le premier adjoint au maire, il faut faire quelque chose ; cela fait des années que je suis demandeuse de logement….nous vivons avec des enfants dans une même pièce, vous imaginez pour la vie de tous les jours, pour les devoirs scolaires, les repas…je ne vous parle pas de ma vie privée : impossible ».
Ce type de situation, nous élus, y sommes confrontés tous les jours. Cela montre l’attente considérable qui existe dans notre ville et dans le pays.
Le dernier rapport sur le mal logement de la Fondation Abbé Pierre met en évidence l’ampleur du problème : 3,8 millions de mal logés, 15 millions de personnes touchées par la crise du logement ! Une mixité sociale mise à mal, et qui pénalise parfois les familles modestes.
En tant qu’élus, quand nous rencontrons les montreuillois, ils nous parlent de deux sujets qui reviennent régulièrement: le logement, je l’ai dit, et l’emploi.
« Je recherche un emploi, même un petit, je suis prêt à accepter même en dessous de ma qualification, nous dit-on souvent. Est-ce que à la mairie, vous ne pourriez pas… ? ».
Sur ces deux sujets, évidemment nous indiquons que nous allons essayer d’aider, mais nous sommes obligés de dire que nous ne pourrons peut-être pas…
La ville a construit beaucoup de logements ces dernières années, mais le nombre de demandeurs est si grand qu’il est impossible de répondre à toutes les demandes. Même chose sur l’emploi. La ville compte un nombre important d’agents : les finances communales ne permettent pas d’augmenter ce nombre.
Les élus locaux sont confrontés à des demandes parce qu’ils sont en relation directe avec les habitants.
Pourtant, dans un pays qui compte toute catégories confondues plus 6 millions de personnes en situation de chômage, on voit bien que les solutions font appel à des mesures d’ampleur.
On voit bien que nous sommes là invités à rentrer dans le champ de l’action politique, n’ayons pas peur du terme.
Car oui, pour ces problématiques du logement et de l’emploi, si à l’échelle communale, nous devons bien sûr les prendre à bras le corps, sans défausse, avec volontarisme et innovation. Mais nous savons bien que de grandes mesures sont nécessaires à l’échelle du pays et de l’Europe.
Pour l’emploi au niveau communal nous le faisons en soutenant l’innovation et le numérique, en soutenant l’économie sociale et solidaire, ce tiers secteur porteur d’innovation et qui représente 5000 emplois sur la Ville. Nous le faisons aussi avec le forums pour l’emploi que fait ma collègue Djeneba Keita. Pour le logement, avec Stéphan Beltran, à l‘écoute des demandeurs, pour trouver des solutions aux situations d’extrême difficultés, et avec la délibération a venir sur la Zac fraternité, nous luttons aussi contre la précarité et le mal logement.
Mais nous sommes aussi obligés de constater que les politiques aujourd’hui à l’œuvre dans le pays ne répondent pas aux enjeux. Et cela depuis des dizaines d’années. La fracture sociale s’aggrave.
Pendant que des débats inutiles et dangereux comme celui de la déchéance de la nationalité sont livrés à l’effervescence médiatique, les vraies difficultés des gens demeurent et s’amplifient.
Il est temps de construire.
Construire des logements sans jeu de mots, construire des perspectives d’emplois autrement qu’en attendant une hypothétique croissance et que soient masquées les réalités par des statistiques découpées en tranches.
Construire aussi donc de nouvelles perspectives politiques qui répondent aux vrais enjeux : c’est ce que s’efforcent de faire et de proposer les écologistes, à tous les niveaux. Construire avec la majorité municipale les réponses aux besoins quotidiens des habitants, pour mieux vivre ensemble.
Je vous remercie